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Traduire le monde : Des noms! Des noms!

André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 32, numéro 1, 1999, page 27)

N’est-ce pas ce que nous avons parfois envie de crier en secouant nos sibyllins dictionnaires, lorsque nous y cherchons le nom des habitants d’une ville ou d’une région étrangère bien connue? Dans nos dictionnaires, la récolte du chou blanc est souvent abondante…

Des choux blancs bien gras d’ailleurs, car les ouvrages français ne sont pas une terre fertile pour les gentilés étrangers. Généralement, y figurent ceux… que tout le monde connaît par cœur. Mais trouver le nom des habitants d’une province coréenne, d’une ville argentine ou d’une région omanaise relève de l’exploit.

Pourquoi? Évidemment, charité bien ordonnée commence par soi-même. Ce qui explique que le nom des habitants de la petite ville de Foix, en France, ait droit de cité (!) dans le Larousse et le Robert, alors qu’il n’y a strictement aucune indication pour des agglomérations sensiblement plus populeuses, comme New Delhi et Mexico. Les habitants de ces bourgades seront sûrement heureux d’apprendre que ceux de Foix s’appellent les Fuxéens.

On oublie souvent que les dictionnaires ne fixent pas l’usage, ils le recensent. De fait, ce sont les locuteurs qui comblent les lacunes du français en créant des néologismes. Par exemple, n’est-ce pas à force de mentionner que les habitants de Sarajévo se faisaient mitrailler par l’ennemi qu’on a créé le gentilé Sarajévien? Lequel figure maintenant dans les dictionnaires. Ce qui n’est toujours pas le cas des Gazans, habitants de la bande de Gaza. Mais ça viendra.

Malheureusement, les dictionnaires n’évoluent pas toujours aussi rapidement qu’on le souhaiterait. Si les lexicographes se sont enfin avisés qu’on dit bel et bien le Chiapas, aucun d’entre eux n’a consigné le gentilé Chiapascène, utilisé dans la presse française.

Toutefois, il ne faut pas croire que les dictionnaires n’évoluent pas. Chaque nouvelle édition du Larousse nous apporte une moisson de nouveaux gentilés. Et souvent plus intéressants que ceux proposés par la presse. Songeons à Kabouli, devenu Kaboulien.

Certains gentilés accrédités nous réservent des surprises. Saviez-vous que la Belle de Cadix était une Gaditane? Cela s’explique par l’ancien nom latin de la ville, Gadir. Et comment se nomment les habitants de Jérusalem? Je vous le donne en mille : les Hiérosolymites. Les érudits auront vite fait le lien avec Hiérosolyma, nom grec de la ville sainte dans l’Ancien Testament.

Pourtant, ces exemples ne devraient pas nous dissuader de mettre notre créativité à l’épreuve. Par exemple, un néologisme comme New-Delhien n’a rien d’offensant pour la langue française. On y reconnaît très bien le toponyme d’origine, et, pour cette raison, beaucoup le croiront authentique. Allons langagiers, à vos plumes! Trouvez-moi un nom pour les habitants de Mexico. De Katmandou. De…