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Traduire le monde : Changer le monde

André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 30, numéro 2, 1997, page 12)

L’autre jour, je feuilletais un vieux Larousse 1934 déniché dans le grenier poussiéreux de ma grand-mère. Quelle ne fut pas ma surprise quand je lus les noms de villes suivants : Nouvelle-Delhi, Istamboul, Vilnious. Un peu plus, et je retrouvais Ouestmoutiers, ancienne traduction médiévale française de…Westminster.

C’est dire que les noms géographiques ne sont pas immuables, même s’il s’agit de noms de pays. Il arrive que la recherche d’une plus grande pureté linguistique, la décolonisation ou le changement de régime politique entraînent l’adoption d’un nouveau toponyme. On pourrait croire que rédacteurs, journalistes et… traducteurs en prendront tout simplement acte. Vraiment?

Connaissez-vous le Bélarus, la Moldova et le Myanmar? Si vous ne lisez que la presse hexagonale, sûrement pas. Car nos cousins parlent presque continuellement de la Biélorussie, de la Moldavie et de la Birmanie. Vous savez sûrement que les capitales de ces pays sont respectivement Minsk, Kichinev et Rangoon. Erreur! Si l’on se fie aux autorités des pays susmentionnés, il faudrait plutôt écrire : Mensk, Chisinau et Yangon. Chisinau figure bel et bien dans les dictionnaires, mais pour ce qui est des deux autres, il faudra attendre une édition ultérieure.

Mais pourquoi cette résistance? C’est que pour beaucoup, l’usage français ne doit pas être imposé par des gouvernements étrangers. Et lorsque l’on parle de la Birmanie depuis des siècles, il n’est pas facile d’adopter un nom aussi déroutant que Myanmar.

Pourtant, les noms géographiques évoluent.

Les changements passent parfois dans l’usage comme une lettre à la poste. Surtout s’il s’agit d’une simple mutation orthographique, pour se mettre au goût du jour. Pensons à Djakarta qui s’écrit de plus en plus Jakarta.

Mais les changements de régime imposent quelquefois de spectaculaires retours en arrière, comme c’est le cas en Russie. Allez, on rebaptise tout! Comme en 17! Les cartographes russes font leurs choux gras de ce petit ménage du printemps. Exit les Gorki, Leningrad, Oulianovsk et autres Sverdlovsk. Place à Nijni Novgorod, Saint-Pétersbourg, Simbirsk et Iekaterinbourg, après un exil de soixante-dix ans. Mais ne trouvez-vous pas que ces vieux toponymes ont un charme vieillot absolument irrésistible? Comme un vieux samovar que l’on découvre, lui aussi enfoui dans le grenier…